Astuce (presque) magique pour dyslexique et dysorthographique

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Voici un florilège de mots écrits par quelques-uns de mes élèves dyslexiques et/ou dysorthographiques dont je reproduis fidèlement ici la graphie :

  • pormenad
  • blade
  • hitoir
  • praralpuis
  • spetalce
  • adre

Un coup de baguette magique, et ces mêmes mots écrits de nouveau par les mêmes élèves deviennent, respectivement et tout aussi fidèlement :

  • promenade
  • balade
  • histoire
  • parapluie
  • spectacle
  • arbre

Que s’est-il passé pour obtenir une telle différence?

Point de magie bien entendu : ils ont écrit en syllabant à voix haute.
C’est aussi simple que cela, mais je me dois d’apporter tout de même quelques précisions.

Les étapes pour syllaber correctement à voix haute

  1. Faire accéder au sens du mot ou de la phrase à écrire en questionnant l’enfant.
  2. Faire frapper dans ses mains pour chaque syllabe ou taper avec un doigt sur le bord de la table. Cette dernière méthode est parfois mieux perçue par les adolescents. Les enfants à l’aise avec la syllabation omettront cette étape.
  3. Écrire le mot à la même vitesse que la syllabation. Passer à la syllabe suivante que lorsque celle-ci est écrite intégralement.
  4. Bien prononcer les syllabes finales, notamment les « e » muets.

Exemples : promenade se dira pro-me-na-de, histoire se dira his-toi-re, spectacle spec-ta-cle.

Dans certains cas, il se peut que l’enfant ait besoin d’aller plus loin dans la décomposition du mot. Ce sera alors l’épellation. Il devra dire la syllabe puis chaque lettre écrite.

Exemple : histoire se dira his h-i-s, toi t-o-i, re r-e.

Des enfants peuvent être dans un premier temps très réticents à la syllabation, d’autant plus à voix haute. Je syllabe alors à leur place, jusqu’au jour où ils prennent le relais tout naturellement.

D’autres encore me disent qu’ils syllabent dans leur tête. Cela est possible mais invérifiable. Quelques explications, et ils se plient généralement à l’exercice.

Important


Chaque enfant aura sa façon de syllaber :

  • Certains disent la syllabe puis l’écrivent.
  • D’autres disent la syllabe au moment où ils l’écrivent.
  • Enfin, certains écrivent la syllabe puis la prononcent. C’est le cas le plus rare.

Chaque profil doit être respecté, à partir du moment où la syllabe suivante n’est abordée qu’une fois la précédente dite et écrite.

Exemple : pour le mot « histoire », si l’enfant prononce « toi » en finissant d’écrire « his », il désynchronise son œil, son geste et sa parole. Et les résultats ne seront pas au rendez-vous.

Pourquoi syllaber à voix haute?


Mon objectif n’est pas d’étayer scientifiquement ce que j’avance, mais de partager mes constats et mes analyses personnelles.

Les voici listés :

  • Pendant la syllabation, la vue, la main qui écrit et la parole se synchronisent : l’enfant écrit ce qu’il dit. Son attention se porte donc sur une seule syllabe à la fois, c’est-à-dire un petit groupe de lettres. L’attention fonctionne alors comme un rayon laser mettant en lumière chaque unité de son : la syllabe. La mémoire de travail est ainsi soulagée.
  • Le mot à écrire est perçu comme une séquence ordonnée de lettres, et non de manière globale. Les inversions et/ou omissions de lettres disparaissent.
  • L’écriture est plus lisible, notamment chez les dysgraphiques.
  • Je constate moins de fautes d’orthographe, comme si la syllabation, c’est-à-dire l’écriture consciente, donnait accès à des informations stockées en mémoire : orthographe d’usage, règles grammaticales, conjugaison.
  • L’enfant est concentré et prend souvent plus de plaisir à écrire. Chez certains, cela devient une évidence. Pour d’autres, la syllabation est une source de perturbation : c’est le signe qu’un enfant se dit dans sa tête toute autre chose que ce qu’il écrit.
  • Je me sers de la syllabation comme d’un baromètre de concentration : un enfant présent à ce qu’il fait syllabe plus naturellement qu’un enfant distrait ou démotivé.

Voilà pourquoi tous mes élèves, sans exception, ont l’habitude de m’entendre dire lors des séances : « Je ne t’entends pas ! ».

« Comment faire à l’école? Je ne peux pas parler à voix haute! »


En effet, à l’école, la syllabation à voix haute ne sera pas possible dans la majorité des cas. Voici les options possibles : chuchoter ou labialiser.

Labialiser consiste à faire bouger les lèvres comme si l’on prononçait, mais sans émettre de son. Le cerveau ne fait pas la différence : les aires du langage sont activées de la même façon.

Enfin, il peut être judicieux de communiquer avec les enseignants afin de permettre à l’enfant de chuchoter tout bas ou de labialiser en classe, y compris pendant les évaluations. Je le précise car parfois, les enfants peuvent être réprimandés pour un chuchotement.

En résumé

Faire expliciter à l’enfant le mot ou la phrase à écrire.

Scander les syllabes en frappant dans ses mains, ou en tapant du doigt sur le bord de la table (étape facultative).

Demander de syllaber à voix haute ou de chuchoter, voire de labialiser. Le passage par l’épellation peut être nécessaire.

Veiller à la synchronisation entre l’œil, le geste et la parole. L’enfant aborde la syllabe suivante une fois la précédente dite et écrite.

Je vous encourage vivement à partager cette technique sur les réseaux sociaux, si vous pensez qu’elle peut être profitable à d’autres parents et enfants.

Bon apprentissage à tous,

Marie Génoist

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